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HOSNI MOUBARAK : UNE SORTIE DIGNE D’UN GRAND CHEF D’ETAT ?

04/02/2011

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Le discours d’Hosni Moubarak au peuple Egyptien fut celui d’un grand chef d’État. On peut déplorer un despotisme réel, et saluer et même estimer un comportement digne et responsable. En proposant aux Égyptiens de rester jusqu’aux prochaines élections et ainsi réaliser la transition de façon à éviter la déstabilisation dans cette partie du monde fragilisée par la guerre Israélo-Palestinienne, entre autres difficultés, et cela en sachant combien aujourd’hui il est impopulaire, il a démontré quelque chose de la fonction d’État, combien il en était profondément investi.

 

« Chef de l’État » devrai-je plutôt dire. Un statut qu’il dit vouloir porter jusqu’au bout, jusqu’à se perdre, voir mourir pour cette nation qu’à l’évidence il aime plus que lui-même et qu’il ne quittera pas quoi qu’il advienne. Des fonctions qu’il n’abandonnera que lorsque les choses seront mises en place pour que la paix puisse continuer à être, quelle que soit l’évolution de l’Égypte.

 

Et cette attitude, cette posture digne d’un De Gaulle ou d’un Churchill, paraît infiniment estimable et respectable, responsable. Rien à voir avec celle de Ben Ali qui lui a pris la fuite. Cela porte à revoir pourquoi l’Égypte s’est désolidarisée de son Président.

 

Hosni Moubarak a tenu pendant 30 ans et d’une main de fer une population Egyptienne, qui l’a soutenu et porté jusqu’il n’y a pas si longtemps. En fait le rejet du Président Egyptien est assez récent, et en dehors de celui des opposants communistes, islamistes ou monarchiques partis le plus souvent à l’étranger et qu’il a effectivement écartés violemment, l’Égypte estimait son Président pour l’éducation et l’alphabétisation de la population (environ 75 % ) mais surtout pour la stabilité et la paix qu’il a maintenues envers et contre tout, même au prix de sa réputation dans les pays occidentaux.

 

Que reproche-t-on vraiment à Hosni Moubarak ?

Pas de détournements de fonds pour lui-même ou alors pas plus que dans nos pays Européens dont les affaires et autres dessous-de-table sont légions.

Ce qu’on peut lui reprocher réellement, c’est de ne pas avoir su, en s’appuyant sur cette paix qu’il préservait, mettre en place les fondations d’une pensée démocratique qui aurait eu dans cette paix qui existait, toutes les chances d’éclore et de s’installer, ouvrant la porte « démocratique » aux autres pays voisins. Obsédé par la stabilité de la région et par peur de dérives, il n’a pas laissé vivre et s’exprimer une opposition saine et nécessaire pour tout monde libre.

 

Mais qu’aurions-nous fait à sa place ? Qu’aurait fait notre gouvernement, lui qui a récemment pris l’option de la mort de deux jeunes Français capturés par une fraction islamiste en Afrique, plutôt que de céder au terrorisme ?

 

C’est toujours plus simple de voir les choses après coup alors qu’il faudrait les anticiper, mais l’agrandissement des médias porte préjudice à cette réflexion et prise de conscience nécessaire et personnelle. Les journalistes ne sont pas des spécialistes, juste des relais d’informations immédiates, essentiellement des spectateurs qui regardent, écoutent et retransmettent, alors que ceux qui les écoutent et les regardent les voient comme des détenteurs de vérités. Cette distorsion ajoute à la confusion ambiante.

 

« L’Égypte qui a une armée forte n’acceptera pas d’ingérence extérieure et se déchirera dans des guerres intestines, tribales et religieuses » ai-je écrit il y a quelques jours, alors que dans l’allégresse générale la plupart la croyaient dans un mouvement révolutionnaire pacifique et responsable.

 

C’était une anticipation personnelle au vu des rouages en place au Moyen-Orient, et hélas nous y sommes. Hier les affrontements durs entre différentes fractions politiques et sans doute religieuses, ont fait dit-on 5 morts et 800 blessés, et au milieu du chaos général où tout est possible même le pire, il semble maintenant rester pour seul rempart contre la violence exacerbée des populations, l’armée égyptienne, et Hosni Moubarak, sa destitution immédiate livrant l’Égypte aux guerres intestines citées plus haut.

 

Alors, et malgré tout ce que fondamentalement on peut lui reprocher, sans habilitation à le faire d’ailleurs, et parce qu’il a clairement annoncé sa position, il partira en septembre, il est évident que soutenu par une armée qui n’abandonne pas son chef ni le jette aux orties comme un vieux jouet, qu’il est aujourd’hui le plus à même de maintenir une forme de cohésion sociale et civique.

 

Ce que souhaite ce vieux lion de la politique, qu’il a déclaré, et dont au vu de son long mandat autoritaire on peut lui faire crédit, c’est la paix et la tranquillité pour son pays et la région. Jusqu’au bout de ses forces, jusqu’au bout du bout de l’indignité qu’on lui prête. Et franchement, comment dire que ça, ce n’est pas estimable ?

 

« Les mains sales » disait Sartre, peut-être une nécessité dans un monde ému par « La tentation de l’innocence » ?

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