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L’EGYPTE JETTE SA GOURME ET L’OCCIDENT : AU-DESSUS DES VIOLENCES INTERNES, UNE COMPLICITÉ GÉNÉRALE CONTRE LES INGÉRENCES

08/02/2011

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Tandis que sur la place Tahir des opposants forme une « coalition des jeunes révolutionnaires en colère » au titre évocateur de révolution russe, le gouvernement de Moubarak tente d’installer « la transition », et avec les Frères musulmans et des représentants de fractions politiques diverses ayant participé aux manifestations, cherche des voies juridiques, économiques, politiques où les Égyptiens pourraient initier leur percée vers ce que les peuples occidentaux appellent « la démocratie ».

 

Sans doute à la grande frustration de tous les va-t’en guerre et des jeunes révolutionnaires cités plus haut qui voient s’envoler leur désir d’en découdre, l’Égypte et le Moyen-Orient dans son sillage sont pour quelques heures, pour quelques jours peut-être dans ce statu quo d’où la paix peut émerger, si tant est que les événements Egyptiens étaient de l’ordre de la guerre. Une paix donc, à discuter et à implanter, dangereuse avec un islamisme apparemment modéré, mais dépendant d’une autorité fondamentaliste qui pourrait amener de la nourriture et une meilleure prise en charge sociale, mais aussi un encadrement impropre aux libertés d’être, de penser et d’agir. Le poids de la religion alors pourrait peser lourdement et s’étendre dans cette partie du monde, avec tout ce que cela comporte d’envahissement par osmose ailleurs.

 

Mais, et après tout, la religion chrétienne a procédé de la même façon et après de nombreuses exactions et hystéries diverses, a su développer des idées de sociétés, alors l’Islam, non dévoyé et manipulé, « politique » par essence et porteur d’une pensée universelle et humaniste, ressurgira peut-être de l’islamisme, aussi grand et lumineux qu’il le fut durant tant de siècles, avant qu’on ne le jette à la mer, avant les croisades et les croisés, dont les revendications morales, ont souvent disparues devant la cupidité. Un Islam tolérant qui autrefois cohabitait fraternellement avec toutes les religions, qui traduisait les textes grecs et apportait la culture ?

 

Mais, pour l’instant et dans la situation actuelle, seulement quelques heures et jours de répit, qui avec la volonté évidente des différents négociateurs d’éviter le chaos, pourraient s’étendre jusqu’au départ définitif de Moubarak. Un départ qui doit se faire dans le calme et dans le respect. Il en va de la dignité de l’Égypte et de l’image qu’auront d’elle un jour ses enfants. Il en va de ce qu’elle est capable de démontrer de ses forces vives au reste du monde. À notre si petit monde, qui a tant plébiscité de Robespierre, de Lénine, de Staline et même de Napoléon et de Pétain. Des dictateurs, des fous de culte de la personnalité qui au nom de la république, de la démocratie et des libertés, au nom de la morale toujours, ont réglé tant de comptes personnels et fait tant de morts. Des millions pour certains.

 

L’Occident n’a aucune leçon à donner au Moyen-Orient, qui dans un élan de survie, au travers des événements Egyptiens, vient de jeter sa gourme. Pas seulement vis-à-vis d’un Président autoritaire, mais aussi envers le monde entier. La capacité que vient d’avoir l’Égypte à entamer des négociations, hors ingérences et pressions étrangères, selon ses critères propres et entre Égyptiens, démontre une maturité politique et abandonne le monde international à ses frustrations guerrières. Un monde que je renvoie à la lecture du livre de Louis Lecoin « De prison en prison » qui passa 14 ans de sa vie, emprisonné, en France, pour seulement s’être posé en défenseur de la paix et contre la guerre, toutes les guerres, et dont je vous donne un extrait :

 

« Après Blanqui, qui passa 37 années dans les geôles de la Royauté, de l’Empire et de la République, je suis un de ceux qui demeurèrent le plus longtemps enfermés pour délit d’opinion. C’est surtout pour avoir haï la guerre avec vigueur, avec passion, que je fus si souvent condamné. Si ces mémoires ne vous déçoivent pas, si la plupart d’entre vous en tirent quelques profits, je m’en réjouirai. Je m’en réjouirais bien davantage si, après cette lecture, vous étiez convaincus que la guerre, ce crime contre les peuples, n’est jamais excusable. Je n’aurais pas perdu mon temps, en ce cas, ni souffert pour rien, moi qui depuis toujours place la cause de la paix si haut : hors des manigances d’un capitalisme insatiable, loin des croisades « idéologiques », et bien au-dessus des patries. »

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