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LE PLAISIR DANS LA DROGUE : UNE RÉALITÉ SI HUMAINE

03/11/2010

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Au-delà des souffrances ou inaptitudes souvent à l’origine des toxicomanies, on peut se poser la question du lien, parce que quel étrange lien que celui qui lie le toxicomane à son produit et quel étrange attrait que celui d’un plaisir qui peut-être mortel ?

Mais, peut-on parler de drogues et toxicomanies sans parler du plaisir, ce plaisir dont nul ne parle hors les toxicomanes eux-mêmes ?

Sommes-nous capables aujourd’hui d’envisager le plaisir comme une donnée à prendre en compte dans la gestion des problèmes des hommes, quel que soit le problème à traiter ? L’admettre comme une des dynamiques essentielles de la vie parce que le plaisir, au bout du compte et malgré tous les carcans, les tabous et les garde-fous, existe au centre de la vie des hommes.

C’est le désir de plaisir qui fait avancer le monde même si sur ce plaisir nous mettons des noms différents selon nos personnalités et nos cultures : le pouvoir, l’argent, l’amour, les enfants…

De grande chose auxquelles s’ajoutent les toutes petites choses du quotidien en autant de plaisirs accumulés que nous appelons communément bonheurs, et le plus souvent « bonheur » au singulier pour mieux marquer sa qualité, parce que si nous nous permettons socialement le bonheur, nous nous défions du plaisir.

Le plaisir perdure comme une chose trouble et glauque qu’on ne peut approcher sans se perdre ou se mettre en danger. Il semble le pic, l’extrême pointe de sensations si fortes et émouvantes qu’elles paraissent relever du primaire et du primitif, de l’animal. Une préhistoire dont les hommes se défont et se défendent. Les hommes transcendent leur humanité, ils la voudraient déifiée, ils profanent leurs origines en les manipulant et se fourvoient dans des exutoires dont ils veulent croire qu’ils ont un esprit pour ne pas dire une âme, mais, de guerres en guerres et de révoltes en exactions, les hommes demeurent identiques dans leurs désirs et leurs demandes. Au dernier cercle d’une douleur humainement supportable, ils en appellent au plaisir. Le plaisir comme une réparation, comme une source de vie.

En toxicomanie nous parlons de toxicités, de coûts financiers, de propagations de maladies et même de douleurs, c’est naturel, mais nous ne tenons pas compte véritablement du plaisir qui dans la drogue et au-delà des souffrances initiales, se suffit à lui-même et prend toute la place.

Si nous nous autorisions à évaluer le plaisir, probablement que notre perception des difficultés serait meilleure et nos solutions plus adaptées.

Mais, sommes-nous aujourd’hui assez loin sur le chemin de la connaissance pour comprendre cette abstraction si concrète et n’en garder que le meilleur ?

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