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SIDA : Est-ce de n’avoir pas d’ailes dont meurent les hommes ?

06/12/2010

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Mes premiers mots sur le sida, mais aujourd’hui encore, avec plus de 40 millions de séropositifs au VIH dans le monde et environ 7000 contaminations détectées en France par an, je ne vois rien de plus près d’une humanité qu’un terrible paradoxe écartèle constamment entre le fini et l’infini, la faisant passer dans l’instant de la jubilation de la chair à son délitement.

On peut évidemment parler de l’infection au VIH avec des chiffres : les faits, la réalité, l’espoir. Dire que l’Afrique est dévastée par la maladie. Que le sida la ravage et que détruisant la population habituellement porteuse de l’économie, il engendre des orphelins que le lien social ne peut plus soutenir. Grand-mères, oncles, tantes, sœurs, tous touchés par l’âge ou le VIH, entre autres maladies endémiques ou avérées.

On peut dire aussi que l’Asie est très largement contaminée ainsi que l’Amérique latine, que les traitements qui soulageraient les malades et leurs familles ne parviennent que rarement dans ces pays du bout d’une planète toujours coupée en deux : Nord riche, Sud pauvre, mais que de la même façon dans nos pays « overdosés» de trop de tout, nul n’est épargné par droit divin ou financier et que la pandémie perdure avec son lot de détresses et de douleurs, d’anéantissement.

Et pourtant…

Jamais une maladie n’a mobilisé autant d’intelligence, de réflexions, de recherches, d’argent et de volontés, que ce soit par intérêts humains, éthiques, politiques ou financiers qui sur ce sujet-là, se sont liés et parfois opposés plus fortement encore. Imaginez, ainsi que me l’a avoué un jour Willy Rozenbaum « Tout se soignait alors, on savait tout éradiquer ou presque, et là une maladie improbable !»

Titanesque challenge où s’inscriront les Américains bien avant les Français, chercheurs, médecins, chimistes, scientifiques, techniciens de laboratoire, du plus petit généraliste au plus prestigieux mandarin, mais aussi les politiques et tous les petits ou grands prédateurs avides de gloire et d’argent qui profitèrent de cette guerre d’un genre nouveau, mais guerre toujours qui permit aux « sans foi ni loi» d’émerger du néant et d’installer des pouvoirs.

Mais on peut dire également et surtout, qu’au-delà des exactions, des spoliations, des violences et des doutes, des souffrances et des détresses qui jalonnent l’histoire de cette maladie, il y eut en son centre, aussi, des guerriers de l’impossible, des fous d’absolu mystiques et généreux, qui toujours en quête d’un Graal qui sauverait l’humanité vouèrent leur vie de chaque jour à la lutte contre ce fléau qui touchait les hommes dans ce qu’ils avaient d’essentiel : L’amour évidemment. L’amour et les corps d’où seulement naît la vie.

En cette journée internationale de fraternité contre l’infection au VIH, on peut donc dire beaucoup de choses sur le sida, comme aligner des chiffres et des probabilités, les incidences de contaminations, évaluer le nombre de séropositifs, parler des nouveaux traitements, de ceux qui fonctionnent et des échappements, de la lassitude des malades et de leurs espoirs, pas une voie de recherche si insolite soit-elle n’est laissée de côté, mais au bout du compte quelles que soient les énergies et les intelligences déployées pour vaincre cette maladie depuis presque 30 ans, elle persiste à s’étendre, malgré l’information et les précautions qui mettent à l’abri et protègent.

Pourquoi ?

Peut-être parce que l’unique obstacle à l’éradication du virus en l’homme, est l’homme lui-même, toujours écartelé qu’il est entre la chair et l’âme, le corps et l’esprit ? Une préhistoire qui le retient à la terre quand il tend à trop s’approcher du ciel ?

Pourtant si l’amour au temps du sida n’est plus tout à fait le même, il reste, malgré et au-delà des risques encourus, l’infinie traduction de l’humain, alors vraiment « Est-ce de n’avoir pas d’ailes dont meurent les hommes ?»

Essais :

— La vie est une maladie sexuellement transmissible par Willy Rozenbaum.

— Sida : de la conscience à l’urgence par Louise Gaggini.

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