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Quand Sarkozy tutoie les morts, les hyènes rigolent sur les terres Tunisiennes

12/01/2010

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Identités, pluralités, choucroutes ! aurait dit Jean Yanne.

Que les fondamentalistes me pardonnent, mais la récupération de la mort de Philippe Seguin par N.Sarkozy est une indécence, la pire puisqu'elle touche à la mort et donc à la vie d'un homme qui semble n'avoir jamais transigé avec ses convictions.

N.Sarkozy s'est accaparé hier, par le biais d'un hommage national et d'un tutoiement fraternel, tous les combats, mais aussi d'une façon plus ou moins subliminale, des racines sous-tendues : Maghreb, immigration, valeur du travail, constance, probité, convictions, que Ph. Seguin portait avec panache, par son histoire personnelle.

 

Dans l'hommage rendu à Ph. Seguin, l'émotion semblait là, présente, palpable dans la cathédrale des Invalides. Giscard, Chirac, Fillon, les anciens et ceux d'aujourd'hui, emmitouflés, le nez rouge de froid et le regard grave devant cette mort improbable, 66 ans à peine, qui les renvoyait à leur propre finitude, et peut être au doute, l'espace d'une messe, l'inutilité de certains combats, le regret de certains autres, la vie qui s'échappe alors que, croyaient-ils, l'immortalité les portait.

Cette vision d'un élan rompu les ramenait à la réalité d'artères et viscères peu glorieux et certains ont dû se demander dans l'intimité de leur conscience face à Lui dont l'écoute divine ne circule pas sur des CD compromettants « A quand mon tour et ai-je bien tout fait ? Pour les miens, ma famille, mes engagements ?

Qu'en serait-il du débat d'identité nationale, des fractures sociales et de l'immigration s'est peut-être demandé Chirac, si j'avais choisi le bien des Français et de la Nation, plutôt que ma carrière politique ? Si j'avais soutenu Chaban au lieu de Giscard ? Et le petit Sarko ? Est -ce bien de moi qu'il a appris à faire feux de tous bois au point de tutoyer les morts pour des récups électorales ?

Quand Sarkozy tutoie les morts, les hyènes et les chacals rigolent sur les terres Tunisiennes.

Beaucoup de bulles pas très chrétiennes s'élevaient donc des visages impavides de nos grands de la République.

« Toute la République » déclama N.Sarkozy dans ce tutoiement fraternel qui le pérennisait comme frère.

« Toute la république assemblée en ce lieu, hors clivages, clans et idéologies pour un hommage unanime à un homme qui ne transigea jamais avec ses idées. Qui préféra ne pas avoir plutôt qu'avoir dans le compromis... ».

Bel hommage à un homme méritant, mais que dans l'instant même du discours, Sarkozy spoliait, utilisait, manipulait sans vergogne et avec l'assentiment de l'assemblée présente, mais aussi des médias qui s'y trouvaient, particulièrement France 2, dont la journaliste sur le terrain ne cessait de répéter « Toute la république est là, au-dessus des idéaux personnels, toute la République pour un hommage commun, toute la République... »

Alors j'ai cherché « la communauté républicaine » ce qui était du « hors clivages » et je n'ai rien trouvé. Qu'une droite austère et au garde-à-vous, consciente de ce qui se jouait politiquement sous leurs yeux, au cœur du sanctuaire.

Aucun responsable politique de gauche ou centre gauche, même pas le Modem, n'était présent dans la cathédrale pour ce dernier hommage qu'on clamait élargi et communautaire.

Aucune personnalité politique de gauche pour saluer l'engagement d'un homme dans lequel chaque homme politique pouvait reconnaître la valeur des combats, même opposés.

Des lieux saints pour des incantations de veau d'or

L'hommage dédié à Ph. Seguin n'aura donc été qu'un monologue incantatoire perpétré par un président de la République désireux de s'approprier les valeurs personnelles du défunt à des fins de « meeting et campagne présidentielle ».

Redorer son blason, remonter dans les sondages, reformer les légions, resserrer les rangs et maîtriser la meute. Point Barre.

2012 c'est hier, et N.Sarkozy que son institutrice de maternelle décrivait déjà comme un enfant accroché à ses basques et prêt à se coller au plus fort, elle en l'occurrence, semble n'avoir jamais eu peur des trahisons et des compromis, son parcours politique le montre, mais on aurait eu envie qu'une fois, une fois visiblement et dans un moment aussi solennel, il accédât à l'âme et à la générosité, au don. À la probité.

Il n'a même pas hésité, cette fois encore, sous les cintres sacrés, à s'approprier les beaux mots que Ségolène Royal, envers et contre tous (vous avez raison Léon-Marc) a relevé au rang de principes fondateurs « fraternité » mais égalité et liberté aussi.

Pourtant aussi loin que vont mon agacement et ma désespérance pour le politique dont la présidence tient davantage de l'illusionnisme que de la compétence, je reste compatissante pour le petit enfant qu'il est resté. Qui n'a toujours pas compris que subtiliser et porter le manteau des autres, ne lui apportera ni grandeur, ni prestance ; que plus le manteau sera grand, plus il semblera petit, la source de toutes ses peines et de ses délires de puissance.

Qu'ainsi que l'écrit Khalil Gibran « Les piliers qui soutiennent le temple se dressent séparés. Et le chêne ne s'élève point dans l'ombre du cyprès. »

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