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LAISSE ALLER, C’EST UNE VALSE …!

11/12/2010

Ce matin je regardais par la fenêtre. Le temps ne décolorait pas, irréversiblement gris, mais, qui dit que le gris n’est pas une couleur ? La pluie sûrement allait bientôt tomber. Comme je n’avais pas envie d’aller danser sous la pluie ni d’y courir d’ailleurs, j’allais enfin vraiment avoir du temps pour écrire à Marc. Seulement les mots de Hugues me parlant du temps hier sont remontés en surface, et j’ai écris à Marc, presque malgré moi, une petite histoire d’un temps légèrement hors du temps.     

“Cher Marc, je voulais vous écrire ce matin, mais le temps, m’a empêchée. Je ne veux pas vraiment dire “que c’est tout de sa faute” mais quand même. Il passe son temps à nous presser et à nous échapper, à nous fuir, léger et vif comme un baiser papillon dans le bonheur et si long et si lourd dans l’ennui ou la peine. Il faut paraît-il donner du temps au temps, mais le temps prend son temps et joue de son temps comme avec un élastique ; il l’étire et s’étire, nous porte à croire que nous avons du temps pour traîner, lire, rien faire, enfin avoir du temps justement de temps en temps, mais vient toujours l’instant ou en regardant la montre on réalise qu’on n’a plus le temps alors que “un attimo” une fraction de temps avant, nous avions tout le temps. Je suis certaine que “longtemps” est né pour nous inciter à la débauche d’un temps qui n’a pas son contraire pour nous rappeler à l’ordre, dans les temps. La preuve, courtemps n’existe pas ! Le temps nous échappe donc et nous fuit, et nous perdons souvent la notion du temps, ce qui nous oblige à rattraper un temps perdu qui ne reviendra plus, même si sa chanson court les rues sous l’air d’un temps décliné à tous les temps : gris, sec, humide, brûlant par-ci, trop froid par-là. De pluie sur Nantes, d’orage sur la Provence, il inonde les plaines, brise les maïs, brûle, gèle et parfois tue. Mais le temps est omnipotent et par mi-temps ou temps partiel, il passe heureusement du sale temps au beau temps pour flamboyer un temps sur le monde. C’est alors sans compter son temps qu’il pénètre la terre et répare les os. Qu’il réchauffe les sans abris et blondit les cheveux des petits enfants. Qu’il fait pousser les fruits et les vignes pour emplir les fûts d’un vin qui n’en sera que meilleur avec le temps, puisque parait-il, il faut lui laisser du temps. Nous le boirons donc dans le temps lorsque le temps, le temps d’un instant, suspendra son envol et qu’assagis et sereins au vu du temps qui passe, nous saurons enfin vivre la vie… à plein temps.”

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