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MARIE TRINTIGNANT…

04/10/2010

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Pour Marie Trintignant

Marie cesse de gigoter, de trépigner dans ta tombe. Sois calme et desserre les poings. Ne pleure plus. Je sais ta peine, ta colère, l’injustice.

Toutes les femmes savent ce qu’il t’a fait et ce qu’il a fait de toi. Il t’a brisée Marie, de coups, et il t’a réduit toi la gracieuse, la délicieuse, fantasque et talentueuse petite bulle d’amour à cet état végétatif dans des lieux où la beauté se décompose, où pas un baiser, une bouche, une étreinte ne peuvent te rejoindre.

 

Bertrand Cantat, cet indigne amant qui pour se défendre au cours du procès, t’accusa d’avoir commencé la dispute, a purgé sa peine. Quatre ans efffectivement emprisonné, pour t’avoir ôté la vie. Pas cher payé le meurtre. Pas cher payé pour ta mère, ton père et tes enfants perdus. Pour ces amours que tu ne vivras plus, ces poésies à jamais tues et ces petits-enfants avec lesquels tu ne joueras pas, à qui tu ne transmettras ni ton rire, ni ta joie, ni ta grâce …

Il t’a tout pris et a saccagé net la lande flamboyante où tu riais Marie, si joliment, et où tu aimais, exigeante et féconde, incandescente dans ce monde du spectacle qui fut le tien. Mais lui au lieu de se consumer pour toi qu’il a tuée et perdue, de se dissoudre de l’absence et du manque en amant magnifique et pour toujours à toi, a retrouvé d’autres amours. Il aime de nouveau et il joue de la musique sur des scènes où certains trop nombreux l’acclament et l’applaudissent, sont heureux de le voir, oubliant dans une liesse indifférente, ce qu’il a fait de toi.

Donc oui Marie les femmes savent ta peine et l’injustice. Tout était faux. L’amour et la passion, l’absolu qu’il disait avoir n’auront tenu que quelques petites années. Pas Roméo, ni Salomon, ni Tristan, rien qu’un homme primaire et banal, commun, que ton âme aimante aura placé trop haut, mais ta révolte Marie, les femmes la portent, avec tes larmes et ton besoin de dire : pas juste, pas normal, pas le droit ! Trop peu cher payé pour tuer, parce que si la passion n’existe pas, ne reste que la violence intrinsèque de l’acte. Que le meurtre perpétré que des lois indulgentes ne sanctionnent pas à hauteur.

Et pourtant, dans la confidentialité des foyers, la brutalité masculine fait des milliers de mortes chaque année. En France et en 2007, 192 femmes sont mortes sous les coups de maris ou d’ex-maris.

Aujourd’hui tous les deux jours et demi, une femme décède, et ton délicat minois Marie, tes gestes graciles et ton sourire de Lolita que le cinéma pérennise, devient sans que tu le veuilles, l’effarant symbole d’un monde masculin, brutal et englué dans sa glaise.

Ne pleure pas Marie. Sois calme. Il t’a oubliée l’ignoble, mais rappelle-toi qu’il n’y a jamais d’amour perdu. Que celui que nous donnons nous le gardons en nous, pour demain et après-demain, pour quand dans l’inéluctable désordre des particules nos ventres et nos cœurs ne battront plus pour personne, et ainsi Marie jusqu’à la fin des temps.

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