Sarkoland ou « C'est à moi tout ça !»
23/06/2009
​
Il est arrivé à Versailles un peu comme le beaujolais. Mauvais goût, mauvaise couleur et aigre à l'estomac, mais étrangement fédérateur. La France entière aurait-elle donc perdu le goût du bon vin avec celui du bon sens ?
En fait non. C'est seulement la conséquence d'un monde en gestation dont l'humanité reste à venir. Où les traîneurs de sabres et autres hobereaux en mal de conquêtes prennent d'assaut les châteaux. Sarkozy est le plus fort, c'est tout.
Comme quoi rien n'est histoire de taille.
Je dois reconnaître qu'hier il était fascinant « le petit garçon qui voulait être grand » debout sur son estrade face aux autres assis plus bas (et à Versailles ! Un symbole qu'on ne peut occulter).
Mais n'est pas Obama qui veut et l'on ne peut confondre sensibilité et sensiblerie. Ni la qualité des discours et des paroles.
Lorsque Obama s'exprime, on sait précisément de quoi il parle, alors que notre Président hier était d'un flou...
Rien n'a été dit qu'on ne sache déjà. Des points déjà débattus, des redondances...Et pourtant tous ou à peu près, ont crié au génie.
Les courtisans sont donc toujours ce qu'ils étaient. Et leurs ronds de jambes dont vous et moi aurions honte, ne les effrayent pas. Parce qu'à leurs yeux vous et moi n'avons pas d'importance. Polémiquer ainsi que je le fais, ils s'en fichent. Leur seul objectif est d'être auprès du chef, d'être bien vu de lui, et pour les plus hardi de lui prendre sa place.
« Une vision » et une projection d'avenir pour après la crise, a donc claironné un J.F.Coppé qui la joue « Sarko et Balladur ». Sinon quoi ?
Des propos repris par un Christophe Barbier plus Richelieu que jamais et qui d'un pas de danse à trois temps continue de toucher au pouvoir et de ménager ses arrières.
Quant à ce qu'on ne peut plus nommer opposition parlons-en à peine. Je parle du PS évidemment. Ce conglomérat qu'on a cru intellectuel parce que Mitterrand l'était, et qui ne montre et ne démontre que ses limites, persistant à dire après chaque échec «Nous apprenons et nous allons travailler pour comprendre et reformuler, être au plus près des gens ».
C'est là où le bât blesse. Comprendre les gens, ça ne s'apprend pas. On sait l'autre toujours avec le cœur et l'âme, et eux j'avoue qu'avec le temps je ne sais pas dans quoi ils sont. Ni de quoi ils sont. Ni pour qui.
Un chef leur fait cruellement défaut.
Un qui les dirigerait ainsi que le fait Sarkozy dont je peux déplorer le despotisme, mais pas la force.
Le monde est ainsi fait qu'il a besoin d'un « père ». Dieux, et puis Dieu, le clergé, l'état, un gourou, ses parents, un ami, tout sauf la liberté seule, l'individualité, l'autonomie et l'indépendance.
Molière et La Fontaine ont encore de beaux jours sous le ciel d'un monde qui comme les moutons de panurge chemine où on le conduit, dans cette nécessité d'un guide.
Heureusement parfois la vie fait des pieds de nez qui nous ravissent.
B. Obama dont les ancêtres furent des hommes frappés, humiliés et réduits, cumule tous les paramètres de la beauté, de l'élégance, du savoir-faire et de l'intelligence. Comme si la survivance avait développé en lui le meilleur de tout, alors que Sarkozy issu de notre vieille Europe de rois, de gloire et de richesses, de cultures paraît-il par opposition à ces Américains jugés incultes, cumule ceux de l'inélégance. Petit, pas très beau, juché sur des talonnettes et le geste brouillon, il ressemble à s'y confondre à notre vieux continent.
S'il n'y avait pas ce douloureux « regardez-moi j'existe » qu'il nous jette au visage, il serait insupportable.
En regardant récemment Obama et Sarkozy monter et descendre des marches, et puis chacun à leur tour prendre la parole, dans cette confrontation inégale du beau et du laid, de la force tranquille à la hargne laborieuse, la France entière a pu percevoir les faiblesses et les inaptitudes de notre Président, si intelligent soit-il. Combien elles l'incitent à « Napoléaniser » sa vie dans des Versailles historiques. Frapper les mémoires, frapper l'histoire, être !
Pauvre vilain petit canard qui se trompe de combat. Ce qui à Versailles aurait pu être une parole universelle n'a été qu'un gargouillis inaudible.
N'est pas Obama qui veut...
Louise Gaggini