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Une autre histoire du monde

10/11/2009

Les hommes ont peur de mourir de dissolution ou de délitement, mais peur de vivre aussi.

Alors que la chute du mur a mis les foules en liesse dans Berlin et ailleurs, que nous nous mobilisons pour des greffes d'organes, des transplantations et qu'avec la thérapie génique nous intervenons dans les gènes et leurs structures pour les modifier, guérir et améliorer, certains paradoxalement pensent encore que « l'identité » leur identité est en danger.

Il y a bien sûr des valeurs communes que nous partageons pour vivre bien ensemble et un jour elles seront de l'universalité avec des citoyens du monde et des pays fédérés, mais en attendant ce monde plus sage, nous pourrions envisager qu'au-delà des identités nationales, il y a celle mutante de notre nature humaine et primitive.

Depuis que le monde existe presque tout ce qui vit sur terre s'est modifié, transformé, mélangé ou a disparu, et d'hybrides en renaissances, nous a donné la vie. L'évolution du monde est constante. Les climats changent, les sols et mers bougent sur leurs plaques et la faune et la flore avec l'espèce humaine continuent leurs transformations, ce qui rend dérisoire tout discours sur l'identité,

Et d'abord de quelle identité parlons-nous ? C'est quoi l'identité ?

« L'ensemble de la planète est issu des 6000 individus originels » m'a confié il y a quelques années, André Langaney, Directeur du Laboratoire d'Anthropologie biologique du Musée de l'Homme, de l'air malicieux qu'il devait avoir lorsque étudiant il écrivait dans Charlie Hebdo, mais puisque nous sommes donc tous issus du même creuset, tous humains, tous mortels, ce serait bien qu'on cesse de polémiquer autour « d'être ou ne pas être » et de monter des murs entre les cultures, les religions, les manières de faire ou de penser au lieu de les partager comme des grandes personnes.

Il y a quelque chose de l'immaturité dans cette façon qu'ont les hommes de batailler pour garder ce qu'il croit être à eux.

Vivre et survivre sans doute.

Manger ou être mangé. Le cannibalisme a toujours cour et si nous n'habitons plus dans des grottes, il suffit de regarder un conseil des ministres ou d'administration pour comprendre que la préhistoire nous tient aux sabots, les sabots à la terre et chacun à la sienne.

Et pourtant...

Si les hommes savaient regarder l'univers, le ciel et les étoiles, prendre conscience de ce qu'ils sont « infiniment » là où l'infiniment petit touche à l'infiniment grand, ils comprendraient qu'ils sont spectateurs et acteurs de toutes leurs métamorphoses ; que cette identité-là, constamment transformée et retransformée, à l'unisson de l'univers qui l'entoure, est la seule qu'ils ont et l'unique qui puisse les aider à dépasser l'inéluctable et la précarité de leur condition humaine.

Louise

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