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Ubu revient, ils sont devenus fous !

10/01/2009

La guerre, la faim... les soldes !

Guerres, exactions, médiocrités, affairismes, hypocrisies... soldes. Eh oui, ces soldes annuelles qui pour ne pas être physiquement mortelles, sont si représentatives des dérisions humaines. La guerre tonne sur Gaza, le monde crève de faim et d'indifférence, des gens meurent de froid chez nous, mais la période des soldes met en transe la France entière qui en rangs serrés, joue des coudes pour un chiffon de plus, un produit, une machine qui viendra satisfaire son avidité compulsive, autorisée et mise en place par des petits malins employés à la manipulation des masses.

Ubu, mon cher Ubu, le monde est fou et s'est rétréci à l'image. Un paon qui fait la roue sans autre pensée que celle de montrer ses plumes que j'arrache d'ailleurs inlassablement avec l'envie de lui mettre le cul à l’air parce que je me dis que peut-être, eh bien oui peut-être, une fois mis à nu comme un clown démaquillé, il y verrait plus clair le monde…

Les plumes du paon repoussent vitesse grand V.

Le problème c’est la vie. Attachée à survivre, elle se fiche de qui la nourrit et les plumes du paon repoussent vitesse grand V.

Malgré tout grâce à toi je gagne du terrain, je défriche deux fois plus vite et un jour c’est sûr, je redonnerai la parole aux poètes, aux écrivains, aux musiciens, aux peintres, mais aussi aux rebelles, aux révolutionnaires et à ceux capables d’oser. Imagine la beauté, la liberté, l’audace et la passion qui reconstruiraient le monde ? Avec l’honnêteté aussi, sans laquelle aucune ligne de force ne peut se dessiner ; ni aucune vérité ni aucune différence.

Cher Ubu, je suis convaincue que l’utopie n’est pas un rêve, mais une réalité tangible.

L’uniformité nous tue, d’accord. L’hypocrisie fait grincer des dents, parfois même assassine, mais tout reste toujours à rêver, à inventer, à imaginer, sinon comment la ville de Laval, perdue dans nulle part, en province, loin des pérégrinations existentielles des capitales, aurait pu créer son festival du premier roman ?

Du terreau au béton, pas un édifice, une école, un mur n’a échappé à cette provocation jubilatoire « Lecture en tête ». Comme un tag interdit, présomptueux et revendicateur.

Ubu, mon très cher Ubu, de la même façon que je crois que tout est toujours à inventer, je crois qu’il n’y a pas de hasard et je suis certaine que tu traînes dans tous les coins de Laval pour mettre les « T » à l’envers et ôter les points des « I », histoire de rappeler que les mots ne sont pas que de l’orthographe, mais je suis certaine aussi que l’impertinence de ta ville te rassure.

"Lecture en tête" dans un monde qui perd la sienne aurait pu être un mauvais remake de l’homme invisible, au lieu de ça c’est une joyeuse réussite. Un pied de nez. Un coup de pied aux fesses à tous les fossoyeurs d’idées, un bal des sorcières, une échappée, un bras d’honneur aux intégristes, un cheveux dans la soupe, un trou dans un pantalon, une bulle d’eau, un souffle, le rire des enfants : C’est Peter Pan installé dans la ville !

Les pieds dans la terre et la tête dans les nuages pourrait être la devise de Laval parce qu’en fait je crois que l’idée fut aussi folle que du grain pas germé, mais sans ce petit grain-là, différent et pas conforme, peut-être que le festival aujourd’hui n’existerait pas ? Idem pour la pataphysique et d’autres idées pas reçues.

Alors tandis que la France se bouscule et se déchire au rabais, je vais donc continuer, un livre dans les mains, à me prendre pour Anna Karénine (à cause du froid d'aujourd'hui) et à persister entre deux mots, à plumer ou déplumer les paons qui font la roue, afin qu’ils cessent, quand même, de me bousiller l’horizon.

Petit Ps : Sache aussi que tu as si parfaitement manié l’art de la dérision que l’adjectif ubuesque fait maintenant partie du vocabulaire commun. Le fait que cet adjectif et tous les mots qui y sont liés soient précisément employés par les pédants que tu voulais réduire ne manquera pas de t’échapper et la dérision absolue du fait non plus. Je me réjouis donc à t’imaginer plié de rire en articulant ces abracadabrantesques que tu as inspirés à Dali.

Louise Gaggini.

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