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De l'école et de son institution

13/01/2009

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DANS LE SIÈCLE DES LUMIÈRES L'ÉCOLE TROUVE SON CHEMIN.

Dans un Siècle des Lumières avide de connaissances, la société bouge sur ses assises. Depuis 1793, les Etats Unis sont indépendants, Montesquieu a écrit l'Esprit des lois, Voltaire son Dictionnaire Philosophique et Rousseau son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Tous les courants de pensée vont vers une plus grande justice, une plus juste répartition des richesses et du savoir.

De 1793 à 1881, LES ASSISES DE L'ENSEIGNEMENT SONT POSÉES.

Ce que des milliers de petits écoliers appellent "la Révolution de 1789" est alors en mouvement. Passion, terreur, générosité, solidarité, excès de tout en tout, mais c'est dans cette époque inquiétante et exaltante à la fois que sont posées les premières bases de l'enseignement pour tous gratuit et obligatoire.

C'est le 19 décembre 1793, sur la proposition d'un député nommé Bouquier que la Convention adopte le principe de la liberté de l'enseignement qui doit être gratuit et obligatoire pour tous les Français de 8 à 11 ans. Le 25 octobre 1795, d'après le rapport de Daunou, est proposé un projet ambitieux d'éducation. En plus de l'enseignement pour tous, des écoles d'Etats spécialisées sont prévues ainsi que des centres pour aveugles et pour sourds-muets. Le 22 octobre 1795 l'Ecole Polytechnique prend son nom définitif et entre 1793 et 1795 sont créés : l'Ecole des langues Orientales, le Conservatoire de Musique, l'Ecole des mines, le Muséum d'Histoire Naturelle et l'Institut National.

DANS LE FLUX ET LE REFLUX DE SES RENOUVEAUX POLITIQUES L'ÉCOLE ADAPTE SES RÉFORMES.

Les raisons sociales et culturelles sur lesquelles s'appuie "la révolution" pour installer l'enseignement font que l'école républicaine ne peut qu'être soumise aux fluctuations politiques quelle que soit l'époque.

L'enseignement secondaire sera réalisé sous Napoléon qui participera à la création de l'Université de France. En 1863, Victor Duruy accèdera au Ministère de l'Instruction Publique. Il se battra pour la laïcité et créera l'Enseignement professionnel. De 1919 à 1994, cinquante-neuf lois, projets de loi, réformes, contre-réformes plus ou moins importantes sont proposées, auxquelles on peut ajouter celles de F.Bayrou en 1996 et celles de presque chacun des Ministres en Charge de ce qui s'appelle maintenant l'Education Nationale.

DE L'ÉCOLE ET SON INSTITUTION.

L'école vraiment a des bleus à l'âme. Peut-être que notre institution est aujourd'hui trop étendue pour une réflexion rapide dans un monde qui lui est rapide ? Que sa hiérarchie entrave la remontée des informations indispensables pour une meilleure compréhension des problèmes ? Peut-être que l'école du savoir, celle qui combat l'analphabétisme et permet des chances égales pour tous n'est plus à l'ordre du jour ? Que les priorités dans les gouvernements ne sont plus celles de l'éducation en tant que dynamique humaine ?

"TOUCHE PAS À MON ÉCOLE" POURRAIT BATTRE LES PAVÉS DE FRANCE DANS LES ANNÉES À VENIR.

L'école s'est construite entre fraternité et modernité, mais surtout elle est née de l'inégalité. Elle s'est nourrie des révoltes des hommes et des injustices qu'ils subissaient. Si vraiment elle est fille du peuple, de celui qui battait les pavés de 1789, alors tous les espoirs sont permis, parce qu'actuellement à l'évidence, les conditions sont là pour réveiller en elle son souffle vital. Il suffit d'écouter le discours des lycéens et des étudiants (et aussi celui des parents). Ils expliquent et revendiquent, ils se mobilisent avec intelligence. Tous savent que c'est le savoir et la connaissance qui leur apporteront la liberté d'être ce qu'ils auront envie d'être. Tous ont l'intime conviction que l'école, leur école républicaine, doit être défendue contre les autres et contre elle-même parfois, parce qu'unique dans sa conception de l'égalité.

Cette école est leur école, elle est née de la rue et appartient à la rue. Elle leur a été transmise par des hommes qui au travers de l'histoire ont déployé des énergies de titan pour une certaine idée qu'ils avaient de la civilisation, et si parfois ils l'oublient, en période de crise ou d'incertitude sociale, ils s'en souviennent. Comme on se souvient de ses origines et qu'on puise dans ses racines pour y trouver des forces.

Au centre d'un monde mouvant où les hommes ont perdu leurs repères, l'école demeure un phare, solide et immuable, dépositaire pour tous les siècles à venir de valeurs qui ont permis aux hommes de s'élever et de grandir. Celle qu'on peut nommer "l 'école de la connaissance" porte en elle des mots qu'on a tous récités sur ses bancs et qui prennent en cette période trouble qui est la nôtre, une précision et une qualité particulière. Liberté, égalité, fraternité. Des mots d'espoir nés de la révolution, mais de l'espérance au glaive, il n'y a qu'un pas presque déjà franchi et "touche pas à mon école" pourrait bien battre les pavés de France dans les années à venir.

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