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DU TERRORISME À LA TERREUR, LES HOMMES PASSENT DERRIÈRE LES OUTILS QU’ILS S’INVENTENT.

17/02/2009

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Armes bactériologiques ou nucléaires, les hommes ont peur aujourd’hui d’un terrorisme qui pourrait les atteindre n’importe où, d’autant que dans le contexte actuel de crise, les différences et les indifférences s’accroissent et s’exacerbent.

Et pourtant…

De l’uranium enrichi pour des bombes atomiques, à la prolifération d’agents infectieux (variole, peste, cyclospora, Ebola…etc.) par mise en culture volontaire, il n’y a jamais eu de véritables prises de conscience autour de l’utilisation des armes produites et des toxines tueuses. Un consensus international entre pays riches et occidentaux pour éviter le pire, les uns contre les autres. Une façon de se dissuader “vous avez ceci, nous avons cela” qu’on peut traduire par :

- Moi Tarzan

- Moi Tarzan aussi

Histoire de dédramatiser. Mais peut-on rire de tout et tout réduire en dérision ?

Oui. Oui et oui encore ! Sinon on mourrait de honte et d’affliction, avant même d’infection. Lorsque nous observons nos sociétés nous savons que les dinosaures n’ont pas disparu. Que l’évolution humaine n’est pour l’instant qu’un mythe de plus. Une histoire racontée pour se rassurer alors que nous sommes encore dans l’incantation et l’incantatoire.

Nous avons appris la lune et les étoiles, nous savons maîtriser les souffrances et réparer les corps, nous savons même créer la vie, mais nous nous comportons toujours comme si le ciel allait nous tomber sur la tête. Nous avons l’imagination créative, mais pas la science qu’il faudrait pour la comprendre. Nous sommes les seuls animaux de la planète qui avons la capacité d’anticiper des actions, de les penser et les projeter, mais nous fonctionnons toujours entre pulsions et compulsions. Nous parlons de religions et de mort, mais nous n’approchons toujours pas du sacré de la vie.

Bref, nous avons les choses sans l’esprit des choses et nous demeurons dans la barbarie des légendes antiques où la Bible et le Coran vont de paire avec les ogres, les loups, les joueurs de flûte et le Petit Poucet, écartelés entre infantilisation et désir responsable, dissolution et absorption, amour et haine, guerre et paix.

Quoi que nous fassions pour rationaliser nos actions, nous ne parvenons pas à nous détacher de la matière dont nous sommes. L’esprit ne prime pas sur la chair enfermée dans sa préhistoire et nous évoluons, ambigus et batailleurs. Les armes changent et se diversifient, l’économie en Occident a parfois pris le pas sur les fusils, mais pour les mêmes effets. Et nous avons peur aujourd’hui de ce que nous avons créé.

Le nucléaire, les armes bactériologiques, la dévastation de la planète, l’écroulement des marchés et des bourses, les révoltes qui s’annoncent, nous les avons semés, engendrés et fait pousser sans conscience, narcissiques et convaincus d’être les maîtres d’une ère nouvelle.

Choc des cultures, fracas des civilisations : alibis ou prétextes pour des hommes aux combats douteux ?

Loin de moi l’idée de moraliser, je me sens de ma tribu, juste je suis triste de son inaptitude à la lucidité. On parle beaucoup de l’évolution mortifère de nos sociétés, de la violence des jeunes particulièrement, mais jamais nous ne faisons acte de contrition. Pas l’acte religieux, mais l’acte sacré, celui de l’humain pour l’humain. La véritable conscience de soi et de l’autre dont a si bien parlé Louis Lecoin. Mais qui a lu “De prison en prison” ? Qui sait le vrai sens du mot anarchiste et ce qu’il contient de conscience et réflexions sur la vie ?

Je ne parle pas de ces déviances “révolutionarcissiquoégotistes” développées par les fous de pouvoir qui utilisent les souffrances, les faiblesses et les archaïsmes humains à des fins de gloire personnelle. Je parle de véritable conscience, de celle qui contenant le doute et l’incertitude, intègre le risque, sans lequel aucune chance d’invention nouvelle n’est possible, ni aucun espace pour autrui libéré et offert.

Nous parlons choc des civilisations et chocs des cultures en portant des jugements sur tout et n’importe quoi.

Moyen-Orient, Afrique, Europe de l’Est, tout est vu et analysé sous les prisme déformants d’une ignorance collective. Nous ne savons rien ou presque des autres cultures et des autres civilisations passées aux tamis de nos politiques et médias régulateurs (et un peu malades d’indigestion chronique). Nous ne connaissons que la nôtre, imposée aux autres, par l’argent, la force, la politique étatiste, l’atome et depuis déjà longtemps par le bio terrorisme. Nous avons tant nié l’identité des autres, tant dénié d’humain dans l’humanité, qu’il fallait bien qu’un jour, il y ait révolution et révoltes.

Seulement voilà, du côté des opprimés, les pulsions fondamentales sont les mêmes et les mécanismes identiques. Freud, Lacan et les autres n’ont rien inventé. Ils ont constaté des récurrences et émis des hypothèses. Rien de scientifique au sens étymologique, et pourtant rigoureusement semblable (à quelques variations près). Les Gandhi, les Christ et autres Raspoutine s’ils ont marqué l’histoire se comptent à l’unité. L’intelligence pour l’autre et soi-même dans une situation donnée n’existe hélas encore que dans la mesure de la maîtrise de l’autre.

Gagner, perdre, vivre ou mourir ! Quel que soit le camp.

Comme si au fond tout n’était qu’alibis et prétextes à faire la guerre pour savoir et remettre en cause la précarité de la condition humaine. Qu’il n’y ait pas d’autres issues pour l’homme que de tuer pour percevoir son existence. Il semble que ce soit dans cet affrontement permanent à la mort qu’il donne une causalité à sa vie. Là est le drame. Peut-être la tragique beauté du combat. Mais aussi les dangers les plus grands. C’est dans ces fluctuations extrêmes, contraires et fantasmées entre mythes, légendes, archaïsmes, paganismes et religions, que peuvent s’exercer la force et la folie des gourous, des tribuns et des dictateurs, fondamentalistes ou pas. Chez nous et ailleurs.

Louise

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