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LE PLAISIR EST-IL AU COEUR DU MENSONGE ? ET SANS LE MENSONGE CE SERAIT COMMENT LE MONDE ?

07/02/2009

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Comme des milliers de français hier soir, j’ai écouté Nicolas Sarkozy avec l’espoir de découvrir des élans de foi et de fraternité, quelque chose de concret sur quoi accrocher l’espoir d’un monde meilleur…

En vain. Des journalistes aux questions préparées, posées dans le souci de permettre à N.Sarkozy de naviguer où il voulait et qui s’est amusé, narquois, de l’imprécision de Pujadas dont le regard vacillait, face à une belle L. Ferrari attentive à ne pas froisser son maquillage et un Duhamel mondain, bradé pour l’occasion.

Aucune controverse, aucun débat, rien d’élevé, un Président sans force vitale. Quelques pirouettes sans panache et il est reparti me laissant, ainsi sans doute qu’à des milliers de Français, l’amère impression d’un mensonge.

Le mensonge est-il un moyen de survie ou une arme de prédateur ?

Étrangement si aujourd’hui les médias proposent des tranches de vie sur grands et petits écrans avec déballage de l’intime qui va du corps à l’âme, le mensonge lui reste inattaquable. Dans l’ombre.

Dans notre société exhibitionniste le mensonge navigue allègrement entre rumeurs, ragots et commérages, jamais remis en question, jamais rejeté comme une déviance et le plus souvent utilisé à titre individuel ou de clan comme une nécessité vitale. Plus encore, il est pris en compte comme un paramètre de réussite dans la politique, les affaires et même la conjugualité et perçu avec complaisance et indulgence lorsqu’il touche au plaisir et au profit.

Mais qu’en est-il exactement du mensonge ? Un mauvaise habitude, une pulsion de défense, simple lâcheté, peur de vivre ou de mourir, peur des autres ? Sans le mensonge ce serait comment le monde ?

Depuis l’enfance nous avons tous fait, sauf peut-être les saints (et l’histoire récente montre que la sainteté n’est plus ce qu’elle était) des petits ou gros mensonges, pour ne pas être puni, pour un bonbon volé, une mauvaise note, un chemin des écoliers qui n’arrivait jamais jusqu’à l’école. Et plus tard pour une cigarette et un flirt interdits, pour des amours voulues, perdues et retrouvées, gagnées parfois à la force du mensonge.

Ce qu’il y a de fascinant avec le mensonge, c’est que s’il y a de piètres menteurs, des pas finauds qui s’embrouillent les méninges autant qu’ils embrouillent les autres, il y en a certains qui eux maîtrisent “grave” comme diraient nos jeunes menteurs d’aujourd’hui, et ceux-là de menteurs sont hélas souvent des menteurs gagnants. Un peu caméléon, un peu jésuite, ils naviguent à vue et manipulent sans états d’âme ceux et celles dont ils ont besoin. Des maîtres capables d’inventer des mensonges si bien ficelés qu’il est impossible de les identifier. Des mensonges si gros que la surdimension même de ces mensonges fait qu’on y croit, parce que, qui oserait inventer des choses pareilles ?

Et si le mensonge était naturel ?

“Tu ne mentiras point” dit l’Église qui place le mensonge dans la liste des péchés capitaux de façon à le réduire et l’entraver. En vain puisque le mensonge semble universellement réparti. Même le règne animal et végétal y est soumis si on se réfère aux phasmes, rétrovirus et autres plantes passées maîtresses dans l’art du camouflage. En se référant à la nature on peut d’ailleurs imaginer que le mensonge est une aptitude donnée aux hommes pour survivre ? Une façon de transgresser un cannibalisme interdit et de se nourrir quand même ?

Et si croire entraînait au mensonge ?

L’homme est né croyant. Lorsqu’il ressent comme une difficulté l’impossibilité de maîtriser son destin, il s’en remet toujours à un principe supérieur, occulte, voire divin, qui donne un sens aux accidents de l’histoire ou de sa vie. N’est-ce pas cette propension qu’on les hommes à croire à un monde meilleur annoncé par les religions, qui serait à l’origine des mensonges ? D’un mensonge qui semble l’extrême bord d’une vérité qu’il faudrait aménager ?

Alors, devant la piètre prestation de monsieur Sarkozy hier soir, je me suis dit que de la guerre des couples aux guerres du monde, de la guerre des roses à celle des tanks, on ne pouvait qu’observer la pérennité du mensonge et son implantation dans la vie des hommes. Une sorte de miroir à l’envers, un revers de médaille dont on pourrait quand même renverser la face d’un geste de la main. Mais s’il y a loin encore de la pomme croquée trop vite à l’arbre de la connaissance, il nous reste le choix. Nous avons le choix entre le diable et le bon Dieu, entre la vérité et le mensonge. Enfin, sauf quand le diable parle d’amour et qu’il prend la place des anges. Là il gagne à tous les coups parce que bêtement lui le bon Dieu, il n’a pas droit au mensonge. Au ciel comme sur terre on joue à guichet fermé et petits meurtres entre amis. Promis juré que c’est vrai, croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.

LOUISE

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