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L'amour contre l'inadvertance

03/03/2009

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Parler d'amour simplement...J'aimerais, je voudrais, j'ai envie.

Mais est-il incongru, déplacé ou impudique ici de parler d'amour ? De cet étrange élan qui nous projette vers un inconnu, un homme, une femme, dont on sait à l'instinct et dès les premiers mots, qu'ils seront magnifiques et terribles. Foudroyants et qu'ils nous tueront, peut-être... Mais, peut-on mourir d'amour ?

Non. L'amour est une maladie orpheline disent les médecins en prescrivant des anti-dépresseurs.

Et pourtant pour certains, la douleur est parfois si forte, qu'ils en viennent à transgresser la médecine et ces foutus médecins qui ne savent rien de l'amour.

Des comprimés, un peu d'eau et ils blufferont les statistiques. Heureusement la plupart du temps, ils ne peuvent pas. Ils portent les pilules à leur bouche et les recrachent aussitôt.

Ils voudraient, mais la vie, leur vie s'interpose entre la douleur, la mort et eux, comme si elle avait quelque chose à y voir ou qu'elle ait des droits.

Heureusement aussi, ces improbables rencontres presque toujours de l'ordre de l'originel font, qu'au-delà des peurs et des inquiétudes liées à la perte soudaine de ce qui n'est pas acquis, à la peur du vide et de l'inconnu, nous sommes dans l'instant aussi transportés de bonheur. Un bonheur indicible fait de joie et de grâce dans lequel des forces nouvelles émergent et s'épanouissent en flux tendu, suspendues entre l'autre et nous.

En fait, c'est aimer que nous aimons, au point sans doute d'être amoureux de l'amour et d'entrer dans des digressions intellectuelles qui n'ont rien y voir. Si l'esprit porte l'élan d'amour c'est le corps charnel qui le vit, et si je peux laisser à l'homme que j'aime des petits mots sur la table de la cuisine, comme « Je voudrais nager avec toi, et puis danser la salsa, manger des bonbons à la fraise, acheter des strings pour toi, t'embrasser dans le cou, prendre ma douche avec toi, faire du potage parce que tu as mal au ventre, te pousser parce que tu prends toute la couette, jouer avec les enfants, t'empêcher de trop boire, faire des pâtes et des confitures, peindre, écrire, rire, acheter une perceuse et la laisser dans le placard. Je voudrais mettre des jupes fendues pour toi, te faire un enfant, coudre ton bouton qui manque, te demander si tu m'aimes, faire la cuisine, ranger la maison, régler l'électricité, chanter en italien, retourner à Venise, faire des photos à Tiout, adopter la petite Malika, danser le flamenco, te dire que je t'aime, ne plus écrire, me souvenir de la perceuse, oublier les factures, ne pas régler l'électricité, placer des bougies partout, avoir peur de mettre le feu, éteindre les bougies, t'aimer... » je sais aussi que c'est le corps qui unit. Dans un élan ou la peau, la chair, les muqueuses et le goût, reconnaissent la peau, la chair, les muqueuses et le goût de l'autre comme son propre goût.

Un de mes amis qui travaille à l'Inserm pense que c'est une histoire de phéromones, que cela passe avec l'âge, mais que vu de son laboratoire moléculaire, ceux qui vivent ainsi ont beaucoup de chance.

Je préfère penser que nous sommes Tristan et Yseult, Chopin et Georges Sand, Roméo et Juliette. Cro-magnon et Lucie ça me va bien aussi, surtout lorsque le mien d'amour a ce regard concentré, ramassé pour comprendre, ce que je comprends toujours quelques secondes avant, mais dans une fluidité à laquelle il ajoute lui la dimension cartésienne qui m'échappe. Bref, je l'aime.

Et l'amour me paraît dans le monde en déséquilibre qui est le nôtre, la seule chose qui vaille qu'on puisse mourir, peut-être... La seule chose dont il faudrait vraiment parler. L'amour de l'autre, l'amour des uns et des autres. Parler d'amour essentiellement, de la vie en somme...Tout le reste n'est qu'inadvertance.

Louise

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